« L’humour, c’est aussi une façon de résister » disait Guy Bedos, expert en la matière. Résister à la connerie, à la saloperie humaine. Quand le 5^ème Festival de la caricature et du dessin de presse affiche pour devise L'Estaque pour le meilleur et pour le rire, il est dans cette logique. Pour 2014, le grand Tignous, illuminait l’Estaque de son talent et de son sourire.

Il a été assassiné. Fathy Bourayou, fondateur du Festival, a dû naguère fuir l’Algérie ; les terroristes l’avaient condamné à mort. Face aux tyrannies de toutes sortes, les dessinateurs européens sont libres : ils peuvent dire, écrire, crayonner jusqu’à la férocité, sous réserve de respecter la loi. Ils ne s’en privent pas. En attestent les sourires et les plaisanteries des visiteurs du Festival déambulant sous les platanes de l’Estaque, en exhibant parfois, tout fiers, le croquis, que l’un des champions du crayon a fait d’eux. Partages de rires. Partages de vie. Tous les dessinateurs invités ne sont pas là. D’autres viennent de loin. Aux côtés, par exemple, des dessins d’Angel Boligan, cubain vivant au Mexique, le Syrien Saad Hajo ou l’Iranien Ramezani Kianousch pourront en témoigner. Le premier est exilé en Suède, le second est réfugié à Paris. Les milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui disparaissent chaque jour en Méditerranée, n’ont pas eu cette chance dont ils ont tant rêvé. Ils ne sont aujourd’hui que d’affligeantes statistiques, bien loin du simple droit à la vie. Le Festival de l’Estaque ne les oublie pas. Il sait bien, le Festival, que «pour le meilleur et pour le rire » c’est quelque chose comme le premier pas vers la Liberté.

Dominique Pons, Ecrivain, membre du FIDEP.

Le festival international du dessin de presse, de la caricature et de la satire a lieu du 19 au 25 septembre à l'Estaque ! Expositions, séances pédagogiques, concours de dessins et rencontres sont prévus en compagnies de nombreux dessinateurs invités pour l'occasion. 

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