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Ça tourne! Avec l'association DodesKaden

Le 30 septembre dernier, je me rends à l’atelier, 26 boulevard des Dames, de l’association DodesKaden, à la rencontre des deux Julien. En pleine préparation de la projection qui doit avoir lieu le dimanche suivant, ils m’expliquent, à travers le bourdonnement du projecteur, d’où provient le nom de leur association :

« C’est le titre du premier film en couleur du réalisateur japonais Akira Kurosawa. Ce film retrace l’histoire d’une société en marge. « Dodes’Kaden » est l’onomatopée de la locomotive imaginaire que conduit le personnage principal du film, ça nous correspondait bien. »

projection

Le silence revient, le film vient de se terminer. Nous sommes regroupés au centre de l’atelier, les immenses étagères remplies de bobines nous surplombent. J’aperçois quelques livres sur le cinéma, la filmographie d’Ingmar Bergman.

« Nous travaillons la programmation avec l’idée de donner à voir des films que la grande distribution ne diffuse pas. Par expérience, je sais que certains films qui semblent élitistes dans certains contextes peuvent, s’ils sont accompagnés, devenir bien plus accessibles. On soutient aussi la diffusion des films contemporains pas ou peu montrés. Les films restent souvent très cloisonnés : les documentaires dans les festivals, l’art vidéo dans les galeries. On essaye de sortir de tout ça, de toutes ces catégories».

Julien rembobine le film sur l’une des plaques, ça va trop vite, la pellicule se déchire. J’assiste à sa réparation les yeux grands ouverts, quelques secondes plus tard, c’est terminé. Je n’aurais jamais cru que ce soit aussi facile.

« On s’inscrit dans une pratique d’éducation à l’image, donner à voir à des jeunes tous les appareils, les machines de montage, etc. A terme, on voudrait mettre en place des ateliers pour les enfants avec des projections, leur faire faire quelques manipulations. On est nombreux à avoir un rôle d’enseignant à l’extérieur de l’association, c’est quelque chose auquel on tient. Après on ne se cantonne pas qu’à la pellicule, on ne rejette pas l’idée que l’on puisse travailler avec des portables. Même si nous avons un intérêt esthétique et historique avec la pellicule, l’enjeu, c’est quand même de raccorder les deux. Pour les personnes et les structures qui sont intéressées, on aimerait bien former des personnes à la projection, relancer une dynamique de la pellicule à Marseille. »

machine bleu

L’association a entrepris depuis quelques temps le sauvetage du fonds des bobines de la Ligue qui donne lieu à la création d’un inventaire. Ce dernier sera ouvert aux chercheurs et aux universitaires qui travaillent sur le cinéma d’éducation populaire. Pour le moment, ils ne diffusent de cette collection que des programmes pour enfants, dans l’esprit des cinéclubs c’est-à-dire une programmation gratuite et un public restreint.

« On ne travaille pas uniquement la diffusion dans des salles noires, mais aussi dans des formes plus contemporaines avec des installations dans l’espace. L’important c’est la manière dont on montre les films : on ne souhaite pas avoir le rôle du médiateur pincé qui apporte la culture mais plutôt celui d’un accompagnateur. On avait fait une programmation d’une semaine en juin dernier avec le conservatoire dans lequel on avait mis en parallèle des films expérimentaux et des pièces électro-acoustiques. On a plutôt vocation à faire des choses comme ça que de s’inscrire dans ce qui existe déjà. »

Tous les deux mois, DodesKaden nous donne rendez-vous au Vidéodrome 2, il est aussi question d’une programmation dédiée aux enfants au Gyptis.

« L’un de nos prochains chantiers, c’est d’avoir la possibilité de diffuser dans l’espace public. On utiliserait un projecteur de cinéma à l’ancienne : le projecteur 35. C’est une très belle machine qui appartenait à la ligue. De plus il a une puissance telle qu’on peut projeter sur les immeubles. »

L’entretien arrive à sa fin. Pour conclure, je leur demande pourquoi ils ont choisi de s’affilier à la ligue de l’enseignement.

« On est affilié depuis l’an dernier, cela nous semblait logique. Déjà parce qu’on a pris en charge la collection de bobines. Mais surtout par rapport à l’histoire, au rôle qu’avait la Ligue de l’enseignement il y a cinquante ans et dont on aimerait prendre la suite. »

Dans les années 1945-89, la Ligue a mené une véritable politique d’éducation à l’image. Plus de 80% des cinéclubs lui étaient affiliés. Ces derniers étaient à l’origine de nombreux dispositifs pédagogiques tels que des festivals, des télé-clubs, des éditions de revue, d’ouvrages, de supports pédagogiques sur le cinéma, des stages de formation pour les enseignants, des ateliers audiovisuels, des productions cinématographiques, etc…

C’est donc non sans fierté que DodesKaden a décidé de reprendre le flambeau afin de faire revivre cet âge d’or du cinéclub.

Contact : ddskmarseille[at]gmail.com