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Actualités

Déambulation au Festival Des Clics et Des Livres

Organisé par la Ligue de l’enseignement des Bouches-du-Rhône, Des Clics et Des Livres est un évènement porté par tous les secteurs de la Ligue 13, une partie de son réseau d’associations affiliées et ses partenaires

, notamment le service Hors les murs des Bibliothèques de la Ville de Marseille et le Conseil départemental. Huit auteurs et illustrateurs jeunesse étaient présents pour animer des ateliers créatifs et l’équipe du CFREP, centre de formation de la Ligue 13, et ses stagiaires en formation BPJEPS, ont eu l’opportunité de créer des ateliers et d’assurer la mise en œuvre des animations. En plus d’une équipe motivée de salariés et de volontaires en service civique, les bénévoles ont été plus de soixante à répondre présents tous les jours afin de donner vie au projet et rendre cet évènement possible ! Le mercredi, après la conférence d’ouverture, le Festival accueille les Centres Sociaux. Le jeudi et le vendredi, c’est le tour des élèves de venir accompagnés de leurs enseignants. Et le samedi, le lieu s’ouvre au public et les enfants viennent ou reviennent avec leurs familles. Le dimanche une randonnée contée à la campagne Pastré clôt le Festival en beauté.

Une conférence sur le thème du numérique ouvre le premier jour du Festival : Apprivoiser les écrans et grandir. À la Bibliothèque de l’Alcazar, on discute de la relation des enfants au numérique avec Marie-Noëlle Clément, pédopsychiatre et membre fondateur de 3-6-9-12. Ce regroupement de praticiens et de chercheurs universitaires participant à une éducation du public aux écrans et aux outils numériques. On se demande : quels outils pour quelle tranche d’âge ? Que peut-on en tirer en termes d’apprentissage et de pédagogie ? Comment encadrer au mieux les pratiques numériques des plus jeunes ? Autant de questions auxquelles l’intervenante répond. La question de l’usage du numérique est ouverte et donne du sens aux activités proposées aux enfants tout au long de la semaine.

C’est dans une Maison de Provence de la Jeunesse et des Sports (MPJS) métamorphosée qu’entrent les visiteurs du Festival Des Clic et Des Livres. Au centre, le tapis jaune est déplié et illumine l’espace, des origamis et des lustres colorés sont suspendus au plafond, des lianes en papiers recouvrent la véranda, des murs de lierre délimitent l’espace petite enfance. Par ici de petites tables, des chaises longues, des petits tabourets et des coussins ont été installés au milieu des piles de livres. D’un autre côté, sur de grandes tables, sont disposées des tablettes pour les activités numériques. L’atelier philo se dissimule derrière un paravent. Au centre des activités, les ateliers animés par les auteurs sont baignés dans une lumière chaleureuse, sous un banc de centaines de poissons en origami de toutes les couleurs.

Libérer la créativité avec des auteurs et des illustrateurs

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Les enfants arrivent par petits groupes, accompagnés de leurs enseignants ou de leurs animateurs et vont à la rencontre des auteurs et des illustrateurs invités pour l’évènement. On retrouve parmi eux, Amélie Jackowski, Renaud Perrin, Cédric Fernandez, Ramona Badescu, Anne Cortey, Arno Célérier, Lisa Lugrin et Clément Xavier. Tous essaient de faire découvrir leur univers aux enfants, au travers d’une activité de leur choix.

À sa table, Ramona Bădescu fait la lecture de son livre photo, Tiens. Sur la couverture, deux mains, paumes ouvertes. Elles sont aussi bien en position d’offrir quelque chose que de le recevoir. Au travers des photos et de quelques mots, ce livre s’intéresse à ce que l’on donne et à ce que l’on reçoit. D’après l’autrice, ce livre doit être lu dès le plus jeune âge, voire dès la naissance ! Pour Ramona Bădescu il est primordial que les tout petits soient exposés à un langage autre que le langage parlé du quotidien. Tiens, c’est un langage poétique et visuel qui peut parler à tous et qui aborde l’importance du don sous toutes ses formes aussi bien physiques que symboliques. Après la lecture du livre, Ramona Bădescu invite les enfants à découper une forme pour représenter l’idée de quelque chose de précieux. Ils construisent alors les formes de ce qu’ils veulent offrir à partir de papier rose et vert. Les créations sont alors très diverses, les cœurs, les étoiles et les fleurs sont souvent présents, mais aussi les diamants, les bijoux et même les dinosaures... Pourquoi pas !

À quelques mètres de là, Cédric Fernandez, auteur de bande dessinée, explique : « Pas besoin de savoir dessiner pour créer un personnage. » Afin de rendre l’exercice plus facile, il montre les étapes de la création en traçant son propre personnage sur un tableau blanc : d’abord un rond pour la tête, puis le corps, les jambes etc. Il invite ensuite les enfants à laisser libre cours à leur imagination pour donner vie à leur personnage. L’objectif : briser les barrières que l’on se met à soi-même et rendre accessible à tous un nouveau moyen d’expression. Un bon personnage c’est avant tout celui qui nous permet de raconter une histoire !

Pendant ce temps Arno Célerier, illustrateur, et son assistante de la journée, Sam, en service civique à la Ligue 13, déplient le livre Un tigre dans mon jardin. Les pages en pop-up s’ouvrent devant les yeux ébahis des enfants, et des jardins en papiers de différentes cultures se déploient fièrement. Il nous explique ensuite les différentes techniques de découpage possibles pour réaliser des formes en trois dimensions avec du papier. Chacun se met à la fabrication d’un robot en papier en laissant cours à son imagination. On découpe, on plie, on colle et petit à petit la sculpture prend forme !

Apprendre autrement avec le numérique

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Tout autour des ateliers tenus par les auteurs, ce ne sont pas les animations qui manquent ! On peut notamment s’essayer à des ateliers numériques. L’atelier Dessine ton jeu, par exemple, rencontre beaucoup de succès ! On montre aux enfants comment créer un jeu vidéo à partir d’un dessin. Un code couleur est utilisé : le noir représentera les objets fixes, le bleu ceux que l’on pourra déplacer et le rouge le danger. À partir de là, la seule limite est l’imagination ! Le jeu est ensuite pris en photo et on peut le tester en déplaçant un personnage dans le décore dessiné. C’est dans le calme et avec concentration que chacun se lance dans sa création. Les professeurs sont ravis et voient un intérêt pédagogique dans ce dispositif, car il faut user de logique dans le dessin pour qu’il puisse devenir un jeu. Ils voient dans cet atelier un moyen pour leurs élèves de développer des compétences tout en s’amusant ! L’application Draw Your Game est gratuite et accessible à tous.

Dans la même thématique, tout aussi ludique que pédagogique, l’atelier Makey Makey fait découvrir aux enfants les mystères de la conductibilité électrique. Des objets de la vie courante sont reliés à une source d’alimentation. S’ils sont conductibles, un son est émis lorsqu’on les touche. Un bol d’eau, une banane, une feuille d’aluminium, de la laine, du liège, etc. Une fois que le principe est apprivoisé, les enfants peuvent composer leur propre manette de jeu vidéo !

Se reconnecter à la Terre

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Plus loin, on trouve aussi des ateliers variés de sensibilisation aux problématiques liées au développement durable. Par ici, à l’atelier Biodiversité, les enfants discutent avec les animateurs des espèces en voie d’extinction et des raisons de leur disparition. Les enfants se familiarisent avec des animaux et des environnements sauvages qu’ils ne connaissent pas ou peu. Cela permet aux enfants de prendre conscience des dégâts que les humains peuvent causer sur les environnements de ces animaux et la responsabilité qu’ils ont dans leur disparition. À la suite de quoi ils réalisent des affichent pour manifester pour leur protection. « Sauver les lamantins ! Protéger les Kiwis ! Non à la déforestation ! », scandent des enfants en déambulant entre les ateliers.

Parmi les autres ateliers, il y a Tomato Ketchup. Là-bas, on retrace le chemin des produits que nous consommons au quotidien. Sur une grande carte du monde on montre aux enfants les pays d’où viennent les produits que nous consommons. On s’interroge alors sur les moyens par lesquels ils arrivent jusqu’en France, et aussi sur la nécessité de les consommer ?

Un peu plus loin encore, on s’investit dans l’Odyssée du crabe, Orlando. À partir d’un quizz sur le littoral marseillais, l’histoire d'Orlando se développe atelier après atelier. Les enfants imaginent les aventures et les problématiques que le crabe rencontre dans son voyage, et chacun ajoute sa péripétie sur un grand tableau. Parfois ce sont les touristes trop nombreux qui le malmènent, les déchets ou les amas toxiques qui entravent son passage.

Dans la cour extérieure de la MPJS, des déchets recouvrent une plage artificielle. La pêche aux déchets peut commencer ! C’est à celui qui ramassera et qui triera le plus rapidement dans la bonne poubelle. Bouteilles en plastique et en verre, bouchons, sac plastiques, canettes, papiers, morceaux de cartons...

Se questionner pour grandir

P1166030Une autre thématique abordée par le Festival est la citoyenneté. Parmi les ateliers, Le Grand jeu Laïqu’cité réunit petits et grands dans une ambiance conviviale. Les questions sont variées et concernent nos droits, nos devoirs en tant que citoyens. Qu’est-ce que la Constitution ? Qu’est-ce qu’un citoyen ? Quelles sont les définitions de « liberté », « d’égalité » ou de « discrimination » ? Le vote est-il un droit ou un devoir ? Que signifie prosélytisme ? Les questions sont plus ou moins difficiles. C’est surtout l’occasion de mettre des mots sur des concepts dont on croit connaitre la signification, mais qu’il est plus difficile d’expliquer clairement aux plus jeunes.

Mais apprendre la citoyenneté ce n’est pas seulement répondre juste ou faux à des questions ! C’est ce que l’on découvre à l’Atelier philo, un peu en retrait pour privilégier le calme et l’écoute entre les participants. Ici on s’interroge sur de nombreux sujets : le bonheur, l’amour, les différences filles/garçons, etc. Mais pour le moment, on questionne les différences entre les enfants et les adultes. Spontanément, de nombreuses idées viennent aux enfants, surtout en ce qui concerne les adultes ! Ils sont décrits comme étant toujours « plus quelque chose » : plus forts, plus expérimentés, plus courageux que les enfants. Ils sont moins timides et ont moins peur de faire plein de choses, comme d’aller à la rencontre des autres. « Heureusement qu’ils sont là pour protéger et guider les enfants ! », disent certains. Une autre de leurs idées est de croire qu’il n’y a pas autant de conflit entre adultes qu’entre enfants, parce qu’ils ne vont pas se taper à la première contrariété, parce qu’ils savent mieux « gérer leurs émotions ».

Stéphane Sellito, militant de l’éducation populaire rompu à l’exercice des Ateliers philo, ne cherche pas à contredire l’opinion des enfants, il se contente de reformuler leurs idées et leur demande d’approfondir leurs réponses lorsqu’elles sont vagues. En reformulant, en creusant leur réponse, ils se rendent compte alors que celle-ci n’est pas complète. Oui les adultes sont là pour protéger les enfants, mais certains peuvent être méchants et chercher à leur faire du mal ! On pourrait donc parler « d’adultes méchants » par opposition aux « adultes aimables ». Peut-être parce qu’on leur a mal expliqué les choses lorsqu’ils étaient enfants ? Ces interrogations sont les leurs, mais le but n’est pas d’y apporter une réponse arrêtée. Stéphane conclut en demandant au groupe ce qu’ils ont pensé de l’atelier : « Avez-vous aimé ou pas aimé ? ». Tous ont aimé l’atelier pour des raisons variées. Ils ont aimé parler, apprendre des choses, réfléchir, écouter l’avis des autres : « On ne m’a pas donné d’ordre, mais ça m’a aidé à comprendre autrement ».

Finalement ce que leur apporte un Atelier philo n’est pas différent de ce que cela apporte aux adultes, voilà au moins un point sur lequel ils ne sont pas différents. Pour Stephane Sellito c’est une évidence, les Ateliers philos sont aussi productifs avec des enfants qu’avec les adultes. La philo c’est avant tout une capacité à remettre en question ce que l’on croit savoir, et pour cela il n’y a pas d’âge !

Un espace petite enfance et des spectacles

Près de l’entrée, un espace petite enfance a été installé. De petites tables, de petits tabourets, de petites chaises et de nombreux coussins sont prêts à accueillir les enfants. Des piles de livres sont disposées dans l’espace afin de proposer des lectures adaptées aux plus petits. Des bénévoles de l’association Lire et Faire Lire sont présents pour les accompagner et leur faire la lecture.

À quelques mètres de là, un espace plus intimiste se dissimule derrière de grands rideaux noirs. Ici on peut assister à plusieurs spectacles. Le jeudi c’est Jean Guillon qui vient compter des histoires fantastiques. Et le vendredi c’est la Compagnie L’air de dire qui vient donner plusieurs représentations de leur spectacle : Le petit roi bougon et autres couleurs. L’interprète, Claire Pantel, nous livre des personnages attachants et une histoire riche en émotions dans un décor imaginaire coloré !

Mais les spectacles ne se déroulent pas exclusivement à la MPJS. Le samedi, un spectacle clownesque de Thierry et Hélène Deschaumes est aussi proposé à la Bibliothèque de l’Alcazar, dans l’Espace Conte. Accompagnés par des bruitages impressionnants, ils se livrent à une performance de mimes très réussie pour le plaisir des spectateurs. Petits et grands sont invités à participer sur scène et tous s’en donnent à cœur joie !

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 Une randonnée contée

Et tout comme l’année dernière lors de la première édition, le Festival se termine le dimanche par une randonnée contée organisée par l’USEP 13, le secteur sportif scolaire de la Ligue 13. Les familles se rendent au parc Pastré pour le départ de la balade. En suivant un parcours photo les enfants vont d’un point à un autre et chaque étape est une invitation à la lecture d’une partie de l’histoire. C’est une initiation à la randonnée pour beaucoup d’enfants. On leur explique les systèmes de balises et comment suivre un chemin, les marquages jaunes, blancs ou rouges. Les efforts sont récompensés pas une vue imprenable sur Marseille et son littoral depuis le point culminant de la randonnée. Sylvaine, Déléguée USEP 13, imprime des photos souvenirs pour les participants avec une petite imprimante portable.

Une belle conclusion à ce Festival coloré, festif et citoyen ! Nous espérons qu’il donnera lieu à une 3e édition en 2019 pour porter encore haut et fort les valeurs si chères à notre mouvement auprès des nouvelles générations !