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Actions sociales

Les maux bleus : Dénoncer les violences faites aux femmes

La Compagnie de l’Eclair, duo d’artistes composé de Chrystelle Canals et Milouchka, est venue le 13 Décembre dernier présenter son spectacle « Les Maux Bleus » au public du Centre Social et Maison Pour Tous de la Vallée de l’Huveaune. L’évènement s’est déroulé en deux temps, une représentation de leur pièce, suivie par un temps de débat, afin que le public du centre puisse à son tour s’exprimer.

FotoJet 1« Il y a des hommes qui m’ont dégoutée, peu qui m’ont considérée, rare ceux qui m’ont vraiment regardée.»
Les Maux Bleus s’intéresse à la question des violences faites aux femmes. Violences au pluriel, car il s’agit, à travers une collection de pièces, de vignettes de vie, de mettre en exergue la façon dont chacun des personnages présentés se heurte à une forme de cruauté. Une brutalité, qui se manifeste parfois à l’échelle individuelle, mais découle très souvent de problèmes globaux, de travers profondément ancrés en notre société. Il s’agit de parler d’une violence pernicieuse de par ses innombrables visages.
Au cours du débat, toutes les personnes présentes qu’elles soient issues du milieu associatif (tels que les membres de l’ADDAP13) ou habituées du Centre social, ont eu l’opportunité de témoigner de leur vécu et de leurs expériences. L’éventail de situations présentées a ainsi pu donner matière à une multitude d’échanges et de retours. Un des hommes présents dans la salle s’est par exemple étonné de l’intensité des propos tenus lors d’un numéro parodiant le mouvement de la « Liberté d’importuner », en paraphrasant certains des dires de Catherine Millet, femme de lettres française et personnalité de l'art contemporain, avec qui il n’était pas familier. D’après lui : « Après le mouvement Me Too, et tout le travail qu’il y a eu, c’est bon, les hommes et les femmes sont plutôt égaux. »


« L’ennemi c’est l’espoir, le plus dur c’est les promesses, les coups ça passe, avec des bonnes compresses ça se soigne…» L’un des personnages mis en avant dans la pièce est une femme victime de violences conjugales. Elle témoigne de la lente dégénération de sa relation, de la façon dont la surprise initiale de quelques actes de brutalité isolés laisse peu à peu place à l’habitude, à un quotidien rythmé de coups, où rien ne semble changer. « La paralysie, on s’y habitue. ». Par amour, par peur, elle tente de rationaliser sa relation, de normaliser sa peine : « C’est pas un fou, c’est juste qu’il a un peu trop d’amour, c’est compliqué pour lui. » « D’ailleurs il m’a emmenée au cinéma la semaine dernière. » Ses mots laissent transparaitre sa honte, une honte de ne pas pouvoir s’en sortir, d’être impuissante face à sa propre souffrance, culminant en un sentiment de culpabilité vis-à-vis de sa maltraitance. «On se dit qu’on va réussir à partir, réussir à s’en sortir, que ce n’est pas si compliqué, que plein d’autres l’ont fait. » Au cours de l’année 2019, plus de 120 féminicides ont été répertoriés dans l’hexagone.


C’est donc sans faux semblants ni artifices que les deux artistes abordent avec tact et empathie la condition des femmes, et les problèmes auxquels nombre d’entre elles font face. Se succèdent des thématiques telles que les stéréotypes et stigmates découlant d’une éducation genrée, conduisant filles et garçons à se construire selon des archétypes intellectuels, émotionnels ou bien sexuels : « Soit mère, soit nonne, soit pute. », « Un homme, sa réussite sera sociale, une femme, sa réussite sera morale. » Par le biais d’interludes comiques rythmant la représentation, elles abordent aussi l’hypocrisie de l’industrie cosmétique, dont la France est le berceau, et les standards de beauté impossibles mis en place dans cette industrie gérée bien souvent par des hommes. « Une femme se doit d’être mystérieuse, mais accessible, facile d’approche, mais pas trop, d’avoir des formes, tout en étant fine, d’avoir de l’assurance, sans pour autant être intimidante. »


Durant la journée, paroles et pensées ont été échangées, conduisant les personnes présentes à reconsidérer leurs opinions, à affiner leur point de vue, et à apprendre ensemble, tout au long de l’après-midi. Un Centre social est un lieu d’entraide et de partage, animé par ses usagers, pour ses usagers. Avec la mise en place de tels événements les mobilisant autour d’un espace d’échange et de convivialité, le Centre Social et Maison pour Tous Vallée de l’Huveaune met en avant une volonté de se maintenir dynamique, et à l’écoute de tous.