A l’occasion des journées nationales d’action contre l’illettrisme, nous nous sommes mobilisés pour valoriser les projets qui, tout au long de l’année, contribuent à aider nos publics en situation d’illettrisme. Marie Aubert, Préfète Déléguée pour l’Egalité des chances, a été accueillie au centre social /MPT Kléber à Marseille pour prendre connaissance de nos initiatives en la matière et entendre les témoignages des bénéficiaires.

Nous rencontrons d'abord Hélène, l’une des participantes des cours de Français Langue Etrangère (FLE) au CFREP, notre centre de formation situé à la Maurelette. D’origine Kurde, elle a trouvé dans ces cours un levier d’autonomie et d’émancipation au quotidien : prendre les transports, trouver un logement, jouer un rôle dans la scolarité de ses enfants, comprendre les médias… Chaque année, ce sont 25 personnes qui en bénéficient, 3h par semaine. 

Si les adultes en situation d’illettrisme ont besoin d’un soutien pour apprendre à lire et à écrire le français, les enfants doivent, dès le plus jeune âge, être au contact des mots pour faciliter la maitrise de la lecture et de l’écriture. La Ligue de l’enseignement des Bouches-du-Rhône va, en ce sens, mettre en place cette année des ateliers d’écriture dans les écoles et les collèges pour permettre aux élèves de proposer leurs propres histoires ! Ces écrits seront ensuite intégrés dans « Le distributeur d’histoires courtes ». Edité par Short Edition, cet outil offre, aléatoirement, sous forme de papyrus, des poèmes et des nouvelles – à lire d'un trait – en 1, 3 ou 5 minutes.

Ensuite, direction l’atelier de Formation linguistique, qui accueille chaque semaine un groupe de 10 à 12 personnes. Une participante explique qu'elle est ici pour apprendre le français afin de trouver du travail tandis qu’une autre souhaite valider son diplôme d’assistante administrative. Odile Flores, Directrice de la MPT, explique : « Dans ce type de quartier, ces ateliers sont importants pour faciliter la mobilité dans la ville et l’ouverture. Il existe un mouvement d'entre soi, d'enfermement, et d'isolement chez les personnes souffrent d’illettrisme, et cela génère du mal être. C'est important qu’elles sortent de la maison, puissent faire leurs démarches administratives seules et regagnent leur place sur l'espace public ».

En fin de matinée, nous assistons à une formation, donnée par Sabine Fuentes, formatrice FLE à la MPT Kléber et Christelle Leblanc, chargée de mission nationale à l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme. La formation porte notamment sur les questions suivantes : comment identifier une personne en situation d'illettrisme ? Comment l’aider ? Vers quels dispositifs l’orienter ?
Nous apprenons que 2,5 millions de personnes sont en situation d'illettrisme en France. Très souvent, elles développent des stratégies de contournement pour ne pas être démasquées. Car l’illettrisme est très souvent ressenti comme une honte, un tabou.  En effet, l’illettrisme peut provoquer des rapports parentaux déséquilibrés car les enfants sont amenés à s’occuper de tâches qui requièrent la maitrise de la lecture et de l’écriture, des responsabilités qu'ils ne devraient pas avoir comme signer des chèques, payer la cantine, faire les demandes auprès de la CAF etc.
Christelle Leblanc explique : « Votre rôle en tant qu'agent d'accueil ou accompagnateur à la scolarité, c'est d’abord de repérer puis d'orienter la personne vers le bon endroit, vers un centre de ressources par exemple, qui va tester leur niveau et leur proposer des solutions ». Elle conseille : « On ne leur parle pas tout de suite d'apprentissage, on passe par des ateliers concrets, comme un atelier cuisine par exemple, qui va les remobiliser, leur donner confiance. Et ensuite on peut les orienter vers un parcours plus formel ». L’objectif de cet accompagnement bienveillant ? Leur redonner autonomie et confiance.

Ressources 

Numéro vert illettrisme info service : 0800.11.10.35
Centre Ressources Illettrisme Région PACA